Le pitch de Love, Simon : Simon est un ado lambda avec un secret : il est gay. Suite à un post par « Blue » sur les réseaux sociaux, lequel révèle être dans le même lycée que Simon et dans le placard. Les deux commencent à échanger. Finiront-ils ensemble ?
Le pitch de Love, Victor : Suite à un déménagement, Victor arrive dans l’ancien lycée de Simon, dont l’histoire est largement connue de tous. Victor s’interroge sur sa sexualité. Il échange également des mails avec Simon sur ses interrogations et son parcours personnel. Rapidement, il sort avec Mia, mais Benji ne le laisse pas indifférent.
Ma critique : Love, Simon
Bande-annonce choupinette, Keiynan Lonsdale (franchise Divergente, The Flash, Legends of Tomorrow) au cast, et un engouement de la part de médias LGBTQI anglophones et francophones, ça devait être un petit événement culturel LGBTQI. Et… en fait non.
Le film était mignon, j’ai eu ma petite larme quand Simon (Nick Robinson) fait son coming out à ses parents, quand Simon embrasse enfin Blue à la fin, les personnages étaient adorables, mais je trouvais que le film manquait de rythme et de relief par moments. Surtout, il souffrait de la comparaison avec Strangelove, sorti quelques semaines plus tôt, tout aussi mignon, très drôle, un peu plus « histoire qui n’arrive qu’au cinéma » avec une touche de normalité.
Avec le recul, et un revisionnage, c’est un teen movie tout à fait sympathique. Il ne casse pas trois pattes à un canard, même si une foule de détails sont bien vus : les parents bobos gauchistes de Simon, le moment où il imagine ses amis devoir faire un coming-out hétéro, et leurs parents en être dévastés, les échanges entre Blue et Simon, le black-mail d’un autre ado menaçant et finissant par outer Simon, l’énervement de Simon sur ce moment volé quand l’abruti s’excuse de l’avoir outé, le seul autre garçon out de la promo jusque là qui est noir et fém… Et puis il y a Keiynan Lonsdale, et ça rattrape tout ce qui peut manquer au film. Non, j’ai pas du tout un crush sur cet adorable garçon.
Bref, Love, Simon, c’est mignon, c’est très normal sans être normatif, regardez le, c’est fort agréable, c’est plein de bon sentiments comme les séries DC Comics produites par Greg Berlanti pour la CW. Oh wait. Il produit aussi le film, tout s’explique. C’est un peu moins cheesy quand même que ses séries DC.
Ma critique : Love, Victor
Love, Victor s’inscrit donc comme une suite, puisque Simon joue un rôle secondaire non négligeable, sans en être une, puisqu’on ne suit pas ses aventures à lui, mais celle de Victor, avec qui il communique et qui se trouve aller dans son ancien lycée. L’autre différence c’est qu’on est sur un format série, et ça change aussi un peu la narration. Le rythme n’a plus besoin d’être tendu comme un string, il y a plus d’intrigues secondaires, les détails renvoyant au premier film sont saupoudrés au fil de la saison (Retour de la prof de Théâtre devenu sous directrice du lycée, qui a les mêmes locaux, retour du Carnaval d’hiver et de sa grande roue, retour live de Simon et Blue le temps d’un épisode…). C’est un peu cousu de fil blanc, et le mystère du film manque un peu, mais c’est une autre histoire, ça ne peut pas être un copié collé.
Dans les points forts de la série, il y a clairement l’acteur principal, Michael Cimino (oui, oui, comme le réal mort en 2016), un jeune latino tout pioupiou à qui on ne peut pas ne pas vouloir tout le bien du monde. Il est parfait dans le rôle de Victor. On trouve aussi Ana Ortiz (qui était la soeur de Betty Suarez dans Ugly Betty) dans le rôle de sa mère, Mekhi Phifer (Urgences, Torchwood, franchise Divergente) dans le rôle du père de Mia, la petite amie de Victor, et George Sear, dans le rôle de Benji, l’autre objet de l’affection de Victor. Et puis, forcément on retrouve Simon , en voice over de ses emails à Victor, et pendant l’épisode à New York, qui nous vaut aussi un caméo de la drag queen Katya Zamolodchikova, vue dans RuPaul’s Drag Race, saisons 7 et All Stars 2.
Et puis il y a des détails : les réponses de Simon, qui essaie d’être supportif sans diriger, pour laisser Victor faire son chemin, les parents de Victors qui, on s’en rend compte assez vite, traversent leur propre chemin de croix, l’ami weird, les amis New-Yorkais de Simon et Blue, haut en couleurs mais représentant des réalités queers qui sont rarement représentées dans les petites villes, et ce moment où Simon explique, de vive voix à un Victor très remonté, pourquoi il a parlé de ses échanges avec Victor à toute ses colocs et leur bande de pote, non pour se moquer mais parce que face à la demande de guidance, de conseil et de soutien de Victor, il craignait de ne pas être à la hauteur, et, ne voulant pas échouer à ce job, a cherché conseil auprès de sa communauté d’ami en tous genres et de toutes origines sociales pour essayer d’être le meilleur soutien au jeune ado, sans jamais le laisser ou le mettre dans la merde. Et qu’il l’a fait parce qu’il ne pouvait pas laisser quelqu’un de la communauté dans la merde.
Et là j’ai eu l’œil humide. Oui, je suis déjà une grosse émotive en temps normal, alors vous imaginez bien qu’en ces temps de discours homophobes, racistes et de violences policières décontractées du gland, je le suis encore plus. Forcément, j’ai aussi eu l’œil humide quand Victor et son crush se trouvent. Qque voulez vous, je suis né sous Giscard, j’ai des traumatismes irréversibles d’homophobie intégrée et je pleurerai clairement, de grâce, jusque la fin de mes jours face à deux garçons adolescents qui s’embrassent amoureusement après avoir galéré à se trouver.
La saison se termine certes avec des fils narratifs à développer/conclure, mais il y a un hic selon moi : je ne vois pas très bien comment ils vont aller au delà de deux saisons. Parce que là, sauf à changer de casting, une fois encore, ou à ce que Victor se découvre bi- ou pan-sexuel et possiblement poly-amoureux, dans la saison 2 et les suivantes, l’essentiel de l’intrigue principale est bouclé, et ce ne sont quelques loose ends qu’il faut terminer à la prochaine, et hop, finito.
Mais si effectivement, l’orientation sexuelle et les amours de Victor s’avèrent plus subtiles et complexes que l’homosexualité monogame stricte, je prends complètement. Surtout si les échanges avec Victor et leur côté très pédago en mode « va, vis, deviens, sans jamais te trahir toi même, mais toujours en respectant les autres comme toi même, tu es assez bien comme tu es » continue à servir de voix de la sagesse. Je rêve tellement d’une série pour ado où on aborderait tout ça de façon dédramatisante ! Bon, j’ai quand même un doute.
Bref, cette première saison n’a rien de révolutionnaire (Tout le monde ne peut décemment pas être Sex Education), et si vous cherchez des sensations fortes ou du drama intense avec what-mille rebondissements par épisode, passez votre chemin. Si comme moi vous ne vous lasserez jamais des histoires de coming out et d’amours naissantes bien tournées, y compris les plus conventionnelles, allez y, c’est tout choupi.
Image d’en-tête : détail des affiches de Love, Simon & Love, Victor (Hulu, 2018 & 2020)