Ce soir c’est la fête de la musique. En mode déconfiné mais vigilant. Pas de manifestations de masse, pas de rues bondées jusque tard dans la nuit. Une drôle de fête entre angoisse et désir de vivre normalement. Pas plus mal, sans doute, dans un contexte de violences policières récurrentes tant lors d’événement festifs que de manifestation et, en conséquence, de méfiance généralisée envers les forces de l’ordre.
Il y a un an, à Nantes, un garçon est mort, lors d’une intervention policière pour mettre fin à un rassemblement qui était en train de dépasser l’heure légale autorisée. D’après l’IGPN, le fait de lancer des lacrymogènes sur les participants était justifié. Sauf que les quais en bordure de Loire n’étaient pas protégés, et que dans la panique qui s’en est suivie, plusieurs personnes sont tombées à l’eau. Si l’IGPN refuse tout lien avec le lancé de lacrymos, les enquête journalistiques de Libé et l’Obs sont accablantes.
Aujourd’hui, la préfecture, pourtant responsable de ces quais et de leur sécurité, rejette la faute sur la municipalité en tant que responsable de l’organisation de la fête de la Musique. Pire, ce n’est pas la première fois que ça arrive sous cette hiérarchie, avec un précédent en 2017, et des agents reconnaissent même que dans le passé, pour éviter des mouvements de foule à cet endroit, compte tenu des conditions de sécurité, ils laissaient volontiers la fête durer jusqu’à fatigue des participants au petit matin, puisqu’ils ne dérangeait, à cet endroit, aucune habitation.
Plus de détails sur sur Wikipédia.
Aujourd’hui, c’est aussi la fête des pères. Il y a trois semaine c’était la fête des mères. Ce soir, malgré la situation, on nous parle de la fête de la musique la bouche en coeur dans les médias. J’ai une pensée émue pour les parents, les proches, les amis de Steve Maia Caniço. Je ne sais pas quel est leur état d’esprit. J’espère qu’ils arriveront à passer au travers de cette soirée, de cette nuit dans un minimum de douleur.
En relisant les détails de l’affaire, en pensant à eux, en pensant à la façon dont se comporte la police depuis des années, c’est la haine, encore qui sourd en moi. Et je ne veux pas y céder.
Y a de la haine, ça oui. En moi, en toi, en nous. Parce que les trucs qui nous révoltent et nous font nous sentir impuissants suscitent ce sentiment. Comme le chante Catherine Ringer, il faut bien qu’on la mette quelque part. Si on peut la mettre au service de nos idées, c’est bien. De façon constructive, encore mieux. Encore une fois, ça me travaille. Et il va falloir que je trouve le moyen de réunir les conditions pour passer en mode « J’y travaille ».
« On n’a pas que d’l’amour, ça non !
On n’a pas que d’l’amour à vendre, ça oui…
Y a d’la haine !
On n’a pas que d’l’amour, ça non
Y a d’la haine !
On n’a pas que d’l’amour à vendre
Y a d’la haine !
La haine aussi faut qu’elle se répande !
Sans que ça freine…
Sans que ça freine…
Sans que ça freine…
Y en a même un sacré bon paquet !
Ah ouais quand même, ouais quand même… Quand même !
On n’a pas que d’l’amour, ça non !
On n’a pas que d’l’amour à vendre, ça oui…
Y a d’la haine !
On est tout endolori,
Et on se sent très amoindri,
Est-ce que nos cœurs ont rétrécis?
Est-ce qu’on en sortira grandis ?
Est ce que nos cœurs ont desséché,
A force d’aimer les objets ?
On ne sait comment se faire pardonner
Ni même si on à droit à quelque excuse
Que ce soit, pour le saccage éhonté de la matière vivante sur cette planète…
On ne sait plus où se mettre nous autres de la France.
Une fois de plus on fait ce qui nous arrange,
Il fallait qu’on vous le dise c’est dit c’est fait,
Si nous passions maintenant à tout autre chose ?
Soyons plus positifs rien ne sert d’être trop triste, au contraire,
Bien au contraire !
On n’a pas que d’l’amour, ça oui…
Y a, y a, y a, d’la haine !
Y a d’la haine !
La haine aussi faut qu’elle se répande,
Sans que ça freine,
Sans que ça le freine…
Ça fait de la peine mais
Faut bien qu’on la mette quelque part !
Faut bien qu’on la mette quelque part !
Faut bien qu’on la mette que’que, mette que’que, mette que’que part !
Ça fait de la peine mais
Ça fait de la peine mais
Faut bien qu’on la mette quelque part !
Qu’on la mette quelque part !
Qu’on la mettre que’que, mette que’que, mette que’que part ! »
Les Rita Mitsouko – Y a d’la haine – Système D (1993)
L’article du jour de Libération sur l’affaire Steve Maia Caniço : https://www.liberation.fr/france/2020/06/19/steve-un-an-apres-cette-empreinte-est-la-dans-nos-vies_1791862