The Duncan

L’être humain est comme un gâteau. Et c’est clairement Buffy Summers qui en parle le mieux, dans l’épisode final de la série dont elle est l’héroïne :

La VF (de la série, qui pour une fois ne ruine pas tout)
« Je suis de la pâte à gâteau, je n’ai pas fini de cuire. Je n’ai pas fini de devenir ce à quoi j’étais destinée à devenir en venant au monde ! Je me dit que si j’arrive à survivre à cette épreuve…et à celle d’après, et ainsi de suite… Peut-être qu’un jour, je finirais par me rendre compte que je suis cuite. Je serai un gâteau. quand ce jour viendra si j’ai envie que quelqu’un me mange ou que quelqu’un savoure le délicieux gâteau que je serai devenue alors… Ce sera génial. »

Comme Buffy, je me vois comme un gâteau. J’ai galéré pendant des années. J’aurais aimé avoir un boyfriend plutôt que des plan culs, j’ai même cru qu’à tort, un temps, que le boyfriend serait la solution, mais ça n’a pas duré, La croyance. Le boyfriend non plus, d’ailleurs. Et à force de galérer, de ne pas m’aimer moi, et ma situation, je me suis dit que je devais rendre tout ça un peu plus stable pour ne pas effrayer les premier·x partenaires potentiel·x venu·x. « If you can’t love yourself, how the hell are you going to love somebody else ? » Mouais, plutôt, if you can’t give yourself just a break, how are you ever going to give anyone else one ? L’idée générale est la même, sans qu’on soit obligé de s’aimer absolument pour autant. Bref, je devais finir d’intégrer les ingrédients, malaxer la pâte et lancer la cuisson avant de me préoccuper de la décoration du gâteau. Définitivement revenu des privilèges de ma vie d’ado et de jeune adulte, j’ai compris que partenaires, les enfants, le confort, tout ça ce sont autant de cerises sur le gâteau, à la fin.

J’évoquais mes amours dans un billet précédent, et quand je dis que le polyamour n’est pas pour tout le monde, c’est précisément de ce qui précède que je veux parler. Tant qu’on est que de la pâte, en cours de mélange et de malaxage, « poly-amour = poly-problème » comme le disent nombre d’entre nous, la vanne de base étant : plus vous avez d’amour·x plus vous avez intérêt à avoir un agenda et à être organisé (et il pour certain·e· qui en cumul beaucoup, c’est très vrai). Mais quand on est un gâteau cuit, qu’on se connaît, qu’on est construit, qu’on est capable de voir l’autre tel qu’il est sans le lui reprocher, qu’on sait que ce n’est pas la quantité de temps, mais la qualité du temps passé avec chacun qui fait une relation, c’est beaucoup plus simple à vivre. C’est un peu pour partager ça de temps en temps que j’ai une catégorie du blog consacré à l’amour au sens large : les miennes, de l’amitié increvable à la passion, celles des autres, l’amour en général au singulier comme au pluriel donc et, aussi, à l’instar de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle, la fluidité de l’amour.

Sauf que, tout·e polyamoureu·x·se fussé-je, il se trouve que, le temps passant, et certain·x amour·x ayant fait leur temps, je me retrouve, en 2020, dans une situation de couple. Ouverte (à tous points de vue puisqu’il est également polyamoureux et qu’on a déjà testé tout ça en live de façon durable) et non-délibérée, certes, mais une relation monogame depuis un peu plus d’un an dans les faits. Il se trouve également, que nous sommes officiellement notre relation officielle auprès de nos familles respectives, qui quoique aimantes et ouvertes, ne son clairement pas prêtes à ce qu’on leur parle de polyamour et encore moins à rencontrer nos autres amours, un peu trop licornesques pour leurs univers mentaux et sociaux.

Mais la conséquence de tout ça, c’est que, dans nos vie de jolis gâteaux en fin de cuisson, on est mutuellement la décoration qui attire l’oeil sur le gâteau de l’autre, celle en fonction de qui le reste va devoir trouver sa place, s’intégrer naturellement en arrivant. On est au stade où on fait nos projets d’avenir en tenant compte l’un·e de l’autre, et du coup, ça devient un projet, commun, de vie, commune, elle aussi. Il y aura d’autres amants et d’autres amoureux sans doute. Tant qu’ils trouvent leur place sur le gâteau naturellement, oui, s’ils ne la trouvent pas, plus, ils seront transitoires. Mai M., par la force des choses, est en train de prendre une place plus particulière, qui n’a jamais été prise d’assaut de la sorte dans ma vie. Il est en train de dépasser le cadre du petit-ami, de la simple relation qui dure. Il est en train de devenir à proprement parler « un compagnon » de vie.

Je suis à un âge où je n’envisage pas cela a la légère, techniquement, un compagnon maintenant, c’est un compagnon jusqu’à ce que la mort nous sépare. Y en aura-t-il d’autres ? Rien n’est moin sûr, sauf à ce qu’un·e partenaire/amour qui trouve sa place naturellement, jusqu’à s’intégrer au projets à venir de ma vie ou de la sienne, éventuellement de notre vie, et devienne, à son tour un compagnon de vie, de la mienne, de celle de M. ou des deux. On touche là à un stade supérieur du polyamour. Une autre forme de cerise sur le gâteau.

Peut-être qu’un jour j’ajouterai un ‘s’ au nom de cette catégorie ? Qui sait ? Mais en attendant, en référence au compagnon de vie (Sériel car cloné et re-cloné en tant que ghola) de Leto pendant les siècles que dure son règne, il est dans les lignes de ce blog, et pour un moment sans doute : The Duncan.

 

Crédit image d’en-tête : William Atterton as Duncan Idaho, Frank Herbert’s Children of Dune, by Sy-Fy, 2003. (Et un peu de ‘toshop, par votre humble serviteur)

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