2007, j’écoute Back To Basics de Christina Aguilera avec mon iPod dans le métro, je blogue, tu blogues, nous bloguons, et le Web 2.0 pointe son nez.
L’inscription sur Facebook se fait encore par cooptation et une fois inscrit·e, tu as 50 invitations pour tes contacts, plafonnés à 500 contacts sur le même compte, une limite déjà explosées par certains qui se créent, déjà, un compte secondaire, forcément sous alimenté en mises à jour, parce que maintenir son profil de base est déjà chronophage, alors un deuxième… quelques mois plus tard, la limite passera à 5000, sous les hourras, et sera explosée en quelques semaines, voir en quelques jours.
Je rejoins Twitter avec la poignée @_Leto_ mais je n’ai rien à y dire, y suivre une discussion est encore difficile, vu qu’on peut s’adresser à quelqu’un mais que la réponse ne sera pas directement reliée à son tweet, du coup, je n’y serais guère actif la première année. Il y aura un pic entre le printemps 2009 et le printemps 2011, moment auquel je quitterais la plateforme avec mon pseudo de blogueur au profit d’une poignée avec mon vrai nom. Ce qui m’attriste, c’est que face aux nombreux changement de poignées à l’époque (qui est aussi celle des premiers gros trollings sur la plateforme) Twitter a banni purement et simplement les poignées supprimées par les users d’alors, sans possibilité de les réutiliser, puisque considérés comme bannis.
Raison pour laquelle, lors de mon retour sous pseudo en 2012, je suis revenu en tant que @letofromtheblog (devenue @LetoOfTheDesert depuis)
La suite, vous y étiez, moi aussi, les deux réseaux ont explosé, on a compris qu’on était le produit, que Twitter faisait le choix de vendre les données de ses tendances et d’afficher de la pub, alors que Facebook vendait toutes les données qu’on poste sur son réseau, parfois jusqu’à s’attribuer automatiquement la propriété intellectuel des contenus postés… Et bien qu’accros à Facebook, on est devenu un peu plus circonspect quand a son utilisation. Surtout qu’il ne nous permettait plus forcément de suivre vraiment les gens qui comptent dans nos vies. Tout en se lâchant sur Twitter, en espérant qu’il ne finisse pas par faire exactement pareil. Boah, toute façon, on a utilisé Chrome pendant 6 ans comme navigateur par défaut alors Google sait déjà tout de nous.
Et puis, on a commencé à être un peu plus prudent sur le partage de mes données, on a repris Firefox comme navigateur, et on a posté moins sur le réseau au gros F sur fond bleu. Jusqu’à tenter un mois sans lui, en juin 2018. Une expérience concluante qu’on a prolongé le mois suivant en indiquant ses adresses mails et son téléphone sur un statut dont on ne pensait pas qu’il allait être le dernier, juste le dernier avant un moment. Jusqu’à ce mail « vous ne vous êtes pas connecté depuis plus de trois mois, nous allons désactiver votre profil, vous pouvez le réactiver à tout moment » qui a été le déclic. J’ai décidé de supprimer définitivement mon compte.
Autant vous dire que ce fut complexe. Facebook met un véritable point d’honneur à ne pas vous laisser à accéder au bouton « supprimer mon compte définitivement », en vous proposant la désactivation uniquement de 36 façons différentes, en changeant régulièrement le processus pour accéder à la clôture définitive d’un compte, de sorte que les sites qui vous l’expliquent en détail sont obsolètes sur la question tous les six mois, et enfin, il suffit de re-rentrer vos identifiants dans le mois qui suit la demande de suppression pour réactiver votre compte et tout votre historique…. 2 ans plus tard, je ne suis pas 100% certain, malgré les deux mails de FB m’ayant confirmé la suppression de mon compte, que si je rentre mes identifiants, mon compte ne va pas re-pop de nulle part, as if I never left. Après tout ils ont supprimé le « compte » mais ils n’ont rien dit pour l’ensemble des données collectées en 10 ans…
J’ai gardé mes deux comptes Twitter, comme distraction, tous deux désormais sous pseudos : mon premier pseudo en ligne ever (since 1997 !) et l’autre lié au blog. Je retweete des contenus plus que je n’en poste, et j’ai des conversations inutiles avec des personnes queers ou geek. Youhou.
Et de toute façon j’ai toujours 6 adresse Gmail, deux principales, deux secondaires et deux qui sont des restes de moment de vie en ligne, et qui traînent par là. Du coup, on va dire que pour l’arrêt du partage de mes données perso avec le grand capital, c’est mal barré. Mais j’ai bien réduit la voilure quand même.
D’autres ont évoqué mieux que moi le fait que les réseaux sociaux ont tué les blogs. J’ai moi-même brièvement posé la question du pourquoi re-bloguer post Facebook et Twitter. Et finalement, la raison en est toute simple : online comme IRL, je préfère être chez moi, quitte à ce que ce soit en location, chez WordPress, qu’à l’hôtel, chez Facebook, ou au bar du coin qu’est Twitter. Mon blog c’est mon petit appartement en ligne. J’y ai mes habitudes, j’y fais la déco, je décide de ce qui va dans quel placard, j’y entretiens un autre rapport au web et aux autres en général. J’ai même intégré à Firefox un agrégateur de flux RSS/ATOM (l’extension s’appelle Brief. Simple propre, efficace, ergonomique. Top.) pour pouvoir suivre plus tranquillement des blogueurs, comme on le faisait tous jusqu’en 2007. Et ben, je vous le dis, c’est bien plus agréable comme ça. Les quelques trolls qu’on pouvait parfois se fader en commentaires sont tous sur les réseaux sociaux, et du coup, les gens qui commentent sont à 90% des gens qui sont content de vous avoir lu, les autres ne prenant pas le temps de commenter.
Je suis revenu à la version 1.9. Celle où le web était une succession de villages, où vous passiez de lien en liens, d’univers en univers, et découvriez des communautés de gens à travers les articles et les commentaires. Vous savez, juste avant que ça devienne le périph aux heures de pointe, celle juste avant le brouhaha du Salon Mondial de l’Opinion Permanente, où tout le monde se juge, tout le monde se conchie sur une phrase à l’emporte pièce. Je découvre que les plus acharnés des blogs parmi nous continuent à faire des choses collaboratives très sympathiques comme l’Auberge des Blogueurs. Et même si je n’ai pas le temps de lire la quantité de textes produits pour ce projet, j’aime savoir qu’il est là. Que je pourrai le lire, plus tard, si j’ai le temps, l’envie, pour éventuellement découvrir d’autres blogs, d’autres personnes.
En 2020, j’écoute toujours Back To Basics, certains matins, quand je vais au boulot, en voiture, je blogue de nouveau et je m’efforce de garder mon Web à taille humaine. Et purée, j’adore ça.
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