Ne jamais tirer des plan sur la comète, ne jamais considérer comme acquis ce qui n’a pas été remis, ni conclu contrat qui n’a pas été signé. C’est un peu en suivant ces lignes que j’avais arrêté de me projeter trop loin dans ma vie ces quinze dernières années. Et puis le Duncan est arrivé dans ma vie et on s’est mis à avancer main dans la main. Et à envisager notre avenir ensemble.
Le Duncan avait un projet professionnel très défini, de longue date : exercer sa spécialité médicale, dans sa ville d’origine, en milieu hospitalier public, dans une structure précise, sur un poste dont personne ne semblait vouloir depuis des années, qu’il avait expérimenté et qui lui convenait. Appelons le : projet Montreux. Et si ce projet ne se faisait pas, l’alternative était de s’installer en libéral dans sa ville d’origine. Projet Montreux Bis. Et je m’inscrivais dans ces projets avec autant de facilité qu’ils étaient bien définis.
Et puis, au sortir du confinement, fin mai, le médecin qu’il remplace le week-end, pour mettre du beurre dans les épinards de l’Internat, lui a fait passer une annonce, à faire tourner parmi ses co-internes de même spécialité. On en parle brièvement, et le Duncan décide de se renseigner pour voir de quoi il en retourne, juste pour être sûr d’avoir considéré toutes les options à sa portée. « Au moins j’aurais pas de regret genre « merde j’aurais du postuler » si j’en entends reparler dans six mois alors que j’ai signé ailleurs ». Sage réflexion. C’est comme ça que le projet Mille et Une Nuits est entré dans nos vies.
Juin : Duncan se rend compte qu’il connaît la personne contact de l’annonce, qui cherche à recruter le spécialiste qui va la remplacer dans la clinique où elle travaille. Il comprends que le poste pourrait lui permettre de gagner plus en travaillant moins, ou de gagner beaucoup plus en travaillant un peu plus. Alors certes le pognon, c’est alléchant, mais, le Duncan ayant une éthique, il voulait savoir si tout ça ne se faisait pas au détriment du patient et a donc creusé le truc. Début juillet, on a donc été rencontrer in perso le toubib en question et visiter la structure. Doutes promptement levés. Le Duncan s’investit : business plan, échange avec la banque, décision de venir faire un remplacement pour prendre contact avec le reste de l’équipe et voir comment ils bossent tous ensemble.
Et puis, au fil des semaines, d’échanges avec les différents intervenants dans le processus de recrutement, on finit par comprendre qu’en fait, il est l’unique candidat en lice, puisque les autres, n’ont toujours pas été rappelés pour autant qu’on sache. Le remplacement se passe bien. Avis favorable de l’équipe médicale locale. Mieux : les référents médicaux régionaux et nationaux de la maison mère de la clinique n’ont rencontré, fin septembre que lui, dans le cadre du recrutement. Du coup le Duncan cherchait un logement sur place depuis mi septembre et voilà que jeudi, on avait confirmation qu’on était retenus pour une petite maison qui nous avait largement tapé dans l’œil.
Quatre mois à se pincer tellement on semblait avoir la baraka. Jusque vendredi 9 Octobre : malgré les avis enthousiastes des autres médecins de la structure, des référents médicaux régionaux et nationaux de la maison mère, la direction locale à mis son veto à son recrutement. La claque intégrale. Le bourre-pif cosmique. Alors certes, après échange avec la direction le Duncan comprend leur décision, et loin de la trouver absurde, trouve qu’elle évite à tous de vivre une collaboration mal embouchée. Mais du coup, forcément, on était déçus. On avait trop espéré. On avait même un peu commencé à vendre la peau de l’ours alors qu’il n’était pas tout à fait mort. Et on venait de se prendre un méchant coup de patte.
Mais à quelque chose malheur est bon, puisque dans le même temps, en plus des projets Montreux et Montreux Bis, un projet Montreux Ter s’est fait jour : aussi bien que le projet Mille et Une Nuits mais dans la ville du projet Montreux. Cette fois quel que soit le projet, on va s’assurer de bien tuer l’ours avant d’en vendre la peau et d’ouvrir le champagne.
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