« Est il correct de frapper un nazi sans qu’il nous ait provoqué ?
On m’a toujours appris de ne jamais mettre le premier coup, ne jamais être celui qui commence, « Défends toi, mais n’attaque pas »… Et puis j’ai vu une vidéo du nationaliste blanc Richard Spencer se prenant un pain dans la gueule pendant une interview, et j’ai réalisé.
Spencer était dans son costume impeccable*, avec sa cravate, en train de se faire interviewer comme si son opinion avait de l’importance, comme si elle faisait partie du débat, comme si les néo-nazis n’était qu’un autre point de vue politique, et LÀ j’ai réalisé : il n’y a pas de meilleure façon de montrer qu’une intervention n’est pas égale [aux autres], certaines interventions nécessitent une réponse plus viscérale. C’est le principe de la fenêtre d’Overton, ce terme désignant les idées qui sont tolérables dans le débat public, et bien, la fenêtre d’Overton n’a aucun sens à moins qu’elle ne vienne avec une forme de régulation, donc oui, ceci est la régulation. Il est temps de cogner quelques nazis. »
* « Pressed suit » : littéralement son ‘costume sortant du pressing.’ NdT
Cet extrait de la saison 3 de The Good Fight fait écho à plusieurs billets de ce blog. J’entends déjà les afficionados de la non violence s’emporter. Sauf qu’on est à un stade où les extrémistes de toutes religions et ou les nationalistes de tous poils s’expriment, se lâchent, où la gauche gouvernementale en est réduite à s’exprimer sur toutes les thématiques avec la rhétorique que la droite, et ou l’extrême gauche politique est tellement déconnectée et incapable d’en produire une autre, de développer une autre réflexion, un autre angle de vision de la société et par là même de proposer un autre discours, d’autres mots, sans qu’ils paraissent galvaudés tellement leur actions alternatives, y compris localement, sont, au mieux, inaudibles, au pire, inexistantes.
Soyons clairs, je pense de moins en moins qu’on va éviter le Rassemblement National, ou un ersatz de celui-ci, d’une droite d’apparence plus modérée, au pouvoir. On sait que c’est la réduction des inégalités sociales qui tient les extrêmes en joue. Et c’est un peu le cadet des soucis de tous le monde politiquement, depuis 15 ans. Même Flamby, avec toute sa bonne volonté s’est cassé les dents dessus et a baissé les bras. Bon, quand tu vois que le gars est déjà incapable de dire aux 925 parlementaires « Allez, on zappe les vacances d’été, et on se met au boulot tout suite, vu le prix qu’on nous paie ce serait pas du luxe, pour passer un max de truc pendant les 90 jours d’état de grâce » pour passer le mariage pour tous et autres promesses de campagne, et au lieu de ça laisse tout le temps à l’opposition de s’organiser grave, avec tous les tombereaux de merde qu’on s’est mangés, comment tu voulais qu’il se pète pas les dents sur le reste… Bref, les inégalités, ça en touche une sans faire bouger l’autre à tout le monde, qui préfère s’atteler pour faire genre « on fait quelque chose » alors que tout le reste, c’est de la dînette si tu touches pas au coeur du problème.
Ajoute à ça un gouvernement (sensé faire barrage au ReuNeu, hein) est désormais vent debout à tout ce qui ne ressemble pas à l’image d’Épinal du français moyen, que ce soit par ses origines, sa culture, son ethnie, sa couleur de peau, sa religion (et j’aime pas les religions, mais la République française si elle est laïque reconnaît les religions et la liberté de culte constitutionnellement) ou encore son genre et sa sexualité (punaise ce débat sur la PMA…), et qui est assez laxiste en matière de laïcité et de propos séparatistes sur ceux qui collent d’un peu trop près à l’image d’Épinal du français moyen jusqu’à reprendre leur rhétorique et légitimer leur discours de semaine en semaine et dont une secrétaire d’Etat, après avoir entendu un son de cloche dissonant du sien auprès de jeunes diligente une inspection de leur encadrement social ou explique au gens qu’on peut manger bien sans manger cher, qu’il suffit de savoir cuisiner (Ouais, alors non, hein. Et je sais cuisiner pas trop mal, du simple au compliqué)… Oui, j’ai un problème avec le décalage de plus en plus rapide vers la droite et le foutage de gueule généralisé de la fenêtre d’Overton.
Et la question de la violence, me revient dans les pattes. A moi. Qui n’ai clairement pas le physique pour ça : je suis petit, grassouillet, j’ai un genou sans ligaments croisés avec une hyperlaxité des membres inférieurs (autant te dire : je ne cours pas avec un genou comme ça), une scoliose lombaire, et des muscles en laine de poule ou en plume de lapin, au choix. Bref, en ce qui me concerne, le choix de la violence, il est vite fait. La seule chose qui me reste, éventuellement, c’est la violence de l’esprit et la radicalité. Parce qu’il faut réagir, et vite. Et comme le disait quelqu’un la semaine dernière, c’est pas quand il passeront un uniforme et des bottes qu’il sera temps de réagir, à ce moment là, il sera sans doute trop tard.
Et pour le coup, ils ont pas les bottes, mais ils ont déjà, informellement, un uniforme : une doudoune bleue pétant, avec laquelle ils traquent les migrants dans les montagnes, les antifas dans les manifs etc. Accessoirement, une large moitié de ceux qui portent l’uniforme des forces de l’ordre en France votent pour le ReuNeu. Du coup, on attend qu’ils optent pour le jodhpur et les bottes en cuir pour réagir ou on s’inquiète dès maintenant ? Je dois vraiment citer ici aussi, Edmund Burke : « Pour triompher le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien » ?
Time to punch a few nazis, effectivement. Bon, compte tenu de mes limites physiques, si je dois passer à l’action, ça tiendra plus de l’entartage. (On trouvera bien un moyen de pas avoir à courir). L’attentat pâtissier, ça me va bien, perso. Gloup, gloup, gloup !
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