2020 est une année un peu dévastée cinématographiquement parlant, du fait de la pandémie. 2021 pourrait l’être tout aussi bien, ceci-dit, qui vivra verra. Parmi les films qui sont sortis malgré tout l’an passé (de façon physique restreinte, et avec une diffusion VOD ensuite), il y a Spontaneous avec Katherine Langford (13 reasons why, Love, Simon, Knives out, Cursed). J’en avais aperçu la bande annonce dans une vidéo du genre « Best upcoming films for 2020 » sur Youtube. Et puis, la pandémie à tout balayé, et j’ai même oublié que ce film allait sortir un jour. Heureusement, je suis retombé dessus par hasard, en sérendipitant sur mon site de streaming favori*.
Mais comment sérendipite-t-on de la sorte sur un site de streaming, tonton Leto ? Facile, Emile, easy peasy Daisy ! Deux méthodes : ouvrir un onglet (Film ou Série) et le parcourir jusqu’à ce qu’un film vous botte, ou alors prendre un film qui vous a déjà botté, et cliquer sur les noms des acteurs listés que vous aimez dedans pour voir les autres films où ils sont listés sur le site, jusqu’à tomber sur un truc qui vous botte ou qui vous intrigue suffisamment pour y jeter un oeil. C’est exactement comme sérendipiter sur Wikipédia, mais sur un site de streaming riche en liens internes. Mais revenons à Spontaneous.
Le Pitch :
Dans la petite ville de Covington, du jour au lendemain, des lycéens explosent (littéralement) spontanément (d’où le titre) de façon totalement random. Avec masse de projections gores et sanguinolentes. On suit le parcours de Mara à travers cette période où la notion de futur devient incertaine.
Ma critique :
Les ados de Covington High explosent de façon random et inattendue, encore que passés les premiers, on arrive à se douter de qui va exploser dans les secondes qui précèdent. Ceci dit, ponctuellement, c’est l’ado d’à côté qui s’éparpille brusquement façon Jackson Pollock sur ses camarades et le mobilier environnant. Et si les premières explosions ont lieu hors-champs, mais bien proche, ça devient plus explicite assez rapidement. Il y a des litres de sang de toutes les consistances : d’ultra liquide à un rien visqueux, et avec plus ou moins de bouts viscères mais jamais trop n’en faut, les organes, les os, etc. sont généralement largement pulvéri-liquéfiés dans l’explosion. Et c’est hilarant. (Et dégueu, si vous êtes sensible à la vue du sang. Moi non, comme on l’a déjà vu la semaine dernière). Et quand vous avez réussi à prédire qui allait exploser, vous êtes carrément content, même si c’est stupide.
Le film réussi aussi deux autres choses de façon assez magistrales. Une volontairement, l’autre de façon totalement fortuite. La première : il capte avec brio le désarroi parental face à ce que vive leurs ados, quelle que soit leur propre parcours de vie et que même avec toute la compassion, la patience du monde, c’est le boxon, le zbeul, le dawa, parce qu’il faut que jeunesse, et parentalité, se fassent. La seconde, c’est la réaction des autorités, qui prennent le contrôle, s’autocongratulent au moindre signe de réussite face à la crise et quand celle-ci passe sans plus d’explications, et aucune preuve tangible de l’efficacité de l’action gouvernementale, continue de s’autocongratuler sur sa gestion de l’événement. Et cet aspect là, forcément, après tout ce qu’on vit depuis quelques années, et particulièrement en 2020 avec le COVID 19, et ben, cet aspect là, il met dans le mille.
Enfin, le plot twist est bien intégré à l’ensemble, et en même temps n’est-ce pas plutôt un passage obligé du genre vers la conclusion du film plutôt qu’un plot twist ? Certains le verront venir à trois km, d’autres non, mais il ne fait pas artificiel, en tout cas, dans le contexte du film. Après un passage : « On vivra tous des choses terribles dans la vie, la question c’est comment on vit avec », la conclusion est fà la fois très adolscente et optimiste dans la lignée de « La peur n’évite pas le danger, le ridicule ne tue pas, let’s go do whatever we feel like doing, on s’adaptera en route ».
Spontaneous est un très bon teen movie US qui navigue joliment entre les sentiers battus du genre (tout en y conjugant ce qu’il faut de gore pour bousculer le déroulement classique d’un teen movie, tout en capturant ce qui fait le coeur du teen angst (who am i and what will i be in this mother fucking world ?), et donc l’essentielle qualité d’un bon teen movie, bien plus que les questions de coolitude, de première fois ou de grosse chouille alcoolisée. Le film parvient à être existentiel et grave tout en étant largement distrayant, sans tomber dans les clichés graveleux de tellement de comédies (On est loin de Hey, mec Où est ma bagnole ? ou de American Pie et c’est reposant), et ce grâce à l’utilisation du gore, à la fois comme ressort comico-horrifique et comme métaphore totalement pas voilée du trop plein de teen-angst.
Une réussite, donc. Enfin à condition de pas être un cinéphile Télérama qui veut une tranche d’art absolu à chaque film, hein. Sinon, à regarder pour se détendre le soir, c’est très bien !
*Je partage volontiers le lien à la demande, mais attention, c’est sans sous-titres. Si vous n’avez pas un niveau d’anglais correct, ça va piquer un peu. Ah et il faut avoir un très bon ad-block (et y ajouter quelques filtres persos, pour filtrer au max les pubs et pop-ups). L’url a changé 3 fois en dix ans, et la BDD a été partiellement vidée deux fois dans le même temps, ça va. C’est chiant à lire ? c’est normal 🙂