« Idée brillante, éxécution terrible. » C’est comme ça que j’ai résumé mon avis sur le Refuge, dans un article qui parlait de tout autre chose, en septembre 2020. Rétro sélective personnelle.
2010. Février, Le Refuge reçoit des menaces de mort, je crois que c’est à peu près la première fois que j’entends parler de l’asso sur les réseaux sociaux. Mai, l’association reçoit un agrément pour intervenir dans les écoles. Une bonne nouvelle à l’époque. Ces agréments sont compliqué à obtenir. Bref, je m’en réjouis. une publicité pour l’asso passe en télé. C’est rare pour les assos LGBT. Cool.
2011. L’association est reconnue d’utilité publique en été. Baby militant, je me fends d’une brève jouasse sur le site de mon association. Je vois passer un commentaire sur les réseaux sociaux « Bonne idée, mais le président est con » je m’en rappelle parce qu’à l’époque j’avais trouvé ça gratuit et choquant. je découvre à l’occasion de la campagne présidentielle les affinités dudit président d’asso avec les politiques de droite du sud ouest, et une vision pas très flamboyant friendly de la communauté. Bon, ça pourrait être pire, à droite y a aussi… Oh merde. En décembre, l’association ouvre ses portes en grand à Christine Boutin. En fait, le mec réseaute à droite, fait de la normativité, et est prêt à tendre la main à des gens qui nous chient dessus. « Le président est con ». Ok. Compris.
2012-2013. L’asso prend masse de visibilité, est reçue à l’Elysée, reçoit le prix Europe 1, ouvre plusieurs antennes régionales, reçoit le soutien de Taubira pour son action et crée un prix avec Randstad pour récompenser les projets de lutte contre l’homophobie Noguier lui prend la lumière en étant distingué « citoyen remarquable » par la jeune chambre économique, en France en 2012 et à l’international en 2013.
Pour autant, des voix commencent à s’élever dans le Landerneau militant. Sur la longévité du président à la tête de l’asso. Sur son opportunisme relationnel (avec les politiques, avec les personnalités : Françoise Laborde devient marraine de l’asso cette année là). Sur la communication misérabiliste. Sur son appel constant -et larmoyant- aux dons, parce qu’elle serait au bord du gouffre financier, alors qu’elle dépense des sous dans un coûteux sondage CSA sur son image de marque, et semble capter toujours plus de subventions. parfois au détriment d’asso locales historiquement plus anciennes, qu’elle pousse gentiment dans l’ombre… Peandant ce temps, Nicolas Noguier prend la lumière en étant distingué deux fois comme citoyen remarquable. En France puis à l’international (en fait par la même structure). , ce qui contribue à faire grommeler le reste de la sphère militante.
2014, L’asso multiplie les contacts people (Une équipe à Fort Boyard, Françoise Laborde à Qui Veut Gagner des millions).
Dans le Landerneau, c‘est la claque pour le Refuge, en février Luc Sol est expulsé de l’antenne de Toulouse et le conflit entre lui et la structure s’étale sur les réseaux sociaux et les médias LGBT. il transparaît que la qualité de l’accueil fourni par le Refuge est questionnable et que les bénévoles ne sont pas suffisamment formés pour la mission sociale qui leur est confiée. L’association nie en bloc, sauf que d’autres voix d’ancien hébergés par le Refuge, pour confirmer des conditions indignes pour une structure d’accueil, et, surtout, des sanctions allant jusqu’à l’expulsion pour quiconque oserait en parler publiquement.
En juin, juste avant la Marche des Fiertés, l’association communique sur le suicide d’un jeune anciennement hébergé, l’autopsie concluera à un accident, ce qui n’empêchera pas Nicolas Noguier d’insister sur sa version des faits.
Plus grave, à Metz, un individu condamné pour pédophilie serait intervenu en tant que bénévole. La direction dément, le TGI confirme pourtant que l’homme a violé son interdiction d’approcher des jeunes en intervenant au sein du Refuge en tant que bénévole. Une élu soulignera plus tard que si l’asso à le soutien des pouvoir publics, des manquement récurrents sont constatés… Accessoirement, elle confirme le harcèlement comme une pratique courante de l’association pour silencer les critiques. Un phénomène que tout le Twitter militant de l’époque a pu constater.
Ajoutez à ça que la question de ce que devient l’argent se pose de plus en plus le budget de l’association avoisinant 1 millions d’Euros, pour 70 jeunes hébergés. (Plus de détails sur tout ce qui précède là et là)
En 2015, il va m’arriver un truc : je vais rencontrer Nicolas Noguier avec un groupe de militants, dont deux qu’il doit rencontrer pour un projet interassociatif. Le gars arrive, serre les deux mains des principaux intéressés, les yeux vivants. D’un coup les yeux s’éteignent, et il tend une main molle au reste d’entre nous, sans même rendre la poignée quand on la lui serre. Et là je comprends un truc à son sujet : ce type est un décor de théâtre. Il s’illumine le temps d’être séduisant pour une audience choisie, et sinon, le reste du temps, il est mort à l’intérieur. Mais alors mort de chez mort. Du genre y a plus de vie dans les yeux des poissons sur la glace pilée chez le poissonnier. J’en aurais plus tard la confirmation d’autres personnes qui l’ont rencontrées dans d’autres circonstances, mais qui feront le même constat. Glaçant. Au point que je dirais plus tard à un ami : « je l’ai rencontré, l’inverse n’est pas vrai ».
Pendant toute l’année, sur Twitter, les clash continuent entre lui, sa horde et tou.te.s celleux qui osent demander des réponses à leur questions, même insignifiante, dès lors qu’elle touchent à l’intégrité de la structure, la probité de ses acteurs. Le tout avec une communication toujours aussi autocongratulante de la part de son président. Et ce qui apparait de plus en plus, pour les militants extérieur, comme un culte de la personnalité autour de lui.
Un peu plus tard, des rencontres avec des militants du Refuge s’avèreront affolante pour moi et d’autres sur leur totale incompétences sur les questions LGBT de base en général, leur politisation en particuliers et en matière de prise en charge et d’écoute active. Mais la visibilité grandissante de l’asso et sa captation de subventions se poursuivront, de même que sa communication toujours misérabiliste. Un drame pour tou.te.s celles et ceux d’entre nous qui travaillons sur des discours d’empowerment. Mais, à l’instar du Téléthon, ça marche grave sur les personnes non concernées ou les personnes concernées non politisées.
En 2016, j’ai quitté mes activités militantes, et mes souvenirs autours des esclandres autour de l’association sont moins précis, c’est le cas d’ailleurs pour les 4 dernières années : j’ai arrêté d’en attendre quoi que ce soit, ce qui m’évitais d’être déçu et je me suis contenté de me facepalmer ponctuellement quand j’ai constaté que Nicolas Noguier faisait de la merde avec son association. Un truc qui me tue, c’est sa capacité à tordre la vérité pour la plier à sa stratégie de relation publique pour son asso. C’est à l’antipode de ce que devraient être des relations publiques sérieuses, d’une part, et surtout, c’est d’une malhonnêteté intellectuelle crasse qui, plus encore, à mon humble avis, que des nuées de tapioles emplumées, encuirées ou en laisse, nuit à l’image de la communauté. C’est digne de Valeurs Actuelles et autres torchons de presse poubelle.
Je passe sur sur : les messages de sympathie à Valérie Debord en 2016, LMPT patentée, le clash de 2017 avec Hanouna suite à une blague homophobe + tentative de récup manipulatrice par le Refuge, jusqu’aux excuses de l’asso en 2019, acculée par ses mensonges et une menace de procès ingagnable (Rappel utile : quand Marlène Schiappa vous soutien inconditionnellement, c’est pas la meilleure preuve de probité intellectuelle). Que quelqu’un mette le feu aux parties impliquées, merci.
Mais le plus difficile à supporter, depuis 2011, à chaque fois qu’on a voulu dire « HEY Y A UNE COUILLE DANS LE POTAGE » ou à chaque fois qu’on a cru que la presse allait s’en emparer réellement au delà de la sphère militante, on s’est entendu répondre, tou.te.s autant qu’on était (d’où un abandon relatif du bouzin ces dernières années) : « Mais c’est dees querelles de militants ça, vous faites chier pour rien ». Alors forcément quand l’enquête de Médiapart est sortie fin 2020, on a eu l’oeil humide en la lisant. Forcément quand les deux dirigeants de l’asso se sont mis en retrait forcé, on a eu comme un choeur d’ange dans les oreilles. Et forcément, ce jeudi 18 février 2021 au soir, quand on a vu passer les articles de Têtu (le deuxième ici) annonçant leurs démissions de leurs fonctions et les conclusions du rapport du BCG. Y a eu comme un gros « Hallelujah » de soulagement dans nos têtes.
Enfin, cette association va pouvoir devenir ce qu’elle aurait dû être : une très belle idée, bien éxécutée.