En novembre dernier, ma timeline Twitter m’avait glissé sous les yeux un article au sujet d’un ingénieur hétéro cisgenre qui, après 40 ans à porter des talons et des jupes dans le privé, avait commencé, à environs 55 ans, à les porter pour aller au boulot. Je l’avais relayé rapidement, et puis je m’étais dit, comme souvent depuis un an sur pas mal de sujets, bordayl, tu l’auras oublié dans deux jours, alors que si tu en avais parlé sur le blog…
Twitter est un océan, où il est parfois difficile de retrouver un truc qu’on a vu passer il y a 1000 ans. Mais comme l’océan, il a ses courants, ses flux, ses reflux, ses marées, et quelque chose qui est passé un jour près des rivages de votre TL finit souvent par y repasser plus tard. Et c’est le cas ici. Le monsieur s’appelle donc Mark Bryan, il est ingénieur, a 61 ans, et tout hétéro cisgenre amateur de porsche (et de vaches et de patates, aussi sans doute, hein) qu’il soit, il kiffe porter des jupes et des talons aiguilles, et trouve que dans la mesure où les femmes portent des pantalons, pourquoi lui s’interdirait de porter des jupes et des talons… Lien vers l’article de Novembre.
Clairement, je ne suis pas fan de tout ses choix d’appariement (ex je trouve qu’il y a un souci de longueur de la jupe rose sous le manteau long dans les photos de l’article, un des deux vêtements est trop court ou trop long par rapport à l’autre, mais là précisément on est dans l’uncanny valley de la mode : c’est à deux doigt d’être avant-garde, mais il y a un détail qui cloche dans les proportions.) et ses meilleurs looks sont ceux arborés lors des shooting photos où quelqu’un dont c’est le métier a savamment choisi les associations faites. Mais le style, ça se contrefout très clairement que les fringues soient genrées.
Et j’en entends qui râlent parce que ce qui lui donne de la la lumière, c’est que c’est un mec hétéro, bla, bla, bla, bla, bla, au détriment des mecs queers qui le font depuis des lustres. Il fut un temps où j’aurais gueulé, aussi. Mais enfin, les tonneaux de merde qu’on se prend dès qu’on est queer et genderfuck, c’est justement parce que les mecs hétéros cis ne franchissent que trop peu le Rubicon des codes genrés sociaux. Alors j’applaudis autant pour un Mark Bryan, hétéro cis en jupe, monogame, même s’il est probablement mal dégrossi sur les implications politiques de nos luttes, que pour Fred, non-binaire, polyamourX, militrans’pédébigouine. Genderfuck pour tout le monde !
Et puis bordel, the dude looks FIERCE !
Quelques photos tirées d’un autre là et de son instagram
