Blogtober 2021 – Day 22 : Ouvert

Si vous êtes un habitué de ces lieux depuis que j’ai repris l’écriture ici en 2020, vous le savez. Mon coeur n’est pas réservé qu’à une seule personne. Ma vie sexuelle non plus. Je suis ce qu’on appelle une personne polyamoureuse et polysexuelle. Feu mon meilleur ami disait souvent : « L’amour est cette chose merveilleuse qui peut durer de quelques minutes à toute une vie » et je fais complètement mienne cette antienne.

Il m’a fallu du temps pour comprendre que le modèle monogamme n’était pas fait pour moi. D’une part parce que quand j’ai commencé à avoir des relations amoureuses et sexuelles, le terme polyamour n’existait pas dans mon univers culturel, et les seuls à le pratiquer étaient soit des caricatures de hippies des années 70, vivant en communauté élevant des chèvres dans le Larzac et qui le pratiquaient le plus souvent pour se dédouanner de leur promiscuité et ne devoir rien à personne,  soit des gourou de secte, qui l’utilisait comme prétexte pour coucher avec tou·te·s leurs adeptes. Bref, malsain à mort, et surtout c’était un truc qui s’imposait aux personnes plus qu’il n’était appréhendé, compris, consenti en conscience et en connaissance de soi-même.

Il m’a fallu 20 ans de vie amoureuse et sexuelle, entre 14 et 34 ans, et la découverte du mot polyamour, pour comprendre que je l’étais. Par chance, j’ai rencontré le Duncan un ou deux ans après, et dès le premier soir de notre relation, la nécessité d’évoquer le sujet s’est faite jour, et on a découvert que nous l’étions tou·te·s les deux. Et polysexuel·les aussi. 😅
La seule règle de fidélité étant d’être ouvert·e à l’autre sur le sujet des amours naissantes, des relations qui se nouent, sur le fait qu’on puisse envisager de coucher avec quelqu’un d’autre, qu’on l’ai fait, ou juste rappeler à l’autre, de temps en temps, qu’iel est libre en la matière, tant que ça ne « nous » remet pas en question.

Exemples concrets : il y a des pratiques que je n’ai pas. Que le Duncan (ou mes autres amants/amoureux) aille trouver quelqu’un d’autre, si ces pratiques là le démangent ne pose aucun problème. Et inversement. On s’amuse très bien entre nous, juste qu’on ne va pas imposer à l’autre un truc qu’iel ne kiffe pas ou faire pour l’autre un truc qu’on n’aime pas pratiquer soi (Le consentement, tout ça, tout ça… Vous suivez ?). Il y a des périodes où l’on se voit peu (par exemple depuis janvier où nous vivons à 100 bornes l’un·e de l’autre) ou des périodes où l’un·e ou l’autre à moins de besoin de cul. Iciel qui a un besoin irrépressible de cul que sa main ne satisafasse peut tout à fait aller frotter sa peau à celle d’autruis tiers. « Je suis allé au sauna ! » « Et t’as pu relâcher la pression avec quelqu’un ? » « Oui » « Il y a eu prise de risque ? »… L’important c’est qu’on puisse en parler aussi simplement que si on était aller acheter du pain. On ne va pas forcément se raconter les détails de ce qui s’est passé (même si j’aime bien les avoir #JeSuisAussiUneGrosseCochonneParProcuration). Mais on débriefe au moins de la prise de risque éventuelle. Polysexuel·le·s, mais responsable chacun·e envers l’autre. Mais ça c’est un peut le B.A.-BA du couple libre, ou alors c’est une relation toxique.

Mais ce qui interroge plus les gens, y compris dans la communauté LGBTQI+, où l’on est parfois déjà détendu du slip sur la liberté sexuelle, encore que, c’est la part des sentiments. C’est le polyamour. Aimer plusieurs personnes en même temps, et relationner avec en simultané.

Et c’est là que j’explique systématiquement : le polyamour, c’est comme la monogamie, ça n’est pas fait pour tout le monde. Il est impératif de savoir ce nous correspond individuellement, pour pouvoir construire avec autrui des projets en accord avec qui on est. C’est vrai pour la monogamie, c’est encore plus vrai dans le polyamour. Clairement, plus on élargi un polycule (La molécule constituée par les lien entre amoureux. « The Chart » d’Alice Pieszecki dans la première saison de The L Word, version amoureuse, et pas sexuelle, en gros), plus il est nécessaire que les personnes se connaissent vraiment très bien elles-mêmes et aient une capacité de lâcher prise, pour que ça se passe bien. Et c’est en ça que ça n’est clairement pas fait pour tout le monde. Et ça n’est pas grave. L’important c’est d’être capable de savoir rapidement si on a mis les pieds dans quelque chose pour quoi on est fait/prêt·e ou pas. C’est un savant mélange de connaissance de soi, de savoir lâcher prise, de timing et de bonnes personnes.

Pro-tips :
_ Si vous êtes possessi·f·ve ou jalou·x·se ou fusionnel dans vos amour, évitez le polyamour comme la peste.
_ Si vous êtes monogame vous-même, mais votre partenaire polyamoureux, interrogez-vous profondément pour savoir si vous n’êtes pas jaloux, si ça ne remue pas vos insécurités, et discutez-en sérieusement, franchement, s’il y a le moindre malaise, parce que si vous ne le faites pas et que subsiste la moindre aspérité malaisante, ça va bouffer votre relation sur le long terme.
_ Sachez repérer une relation toxique, si votre partenaire vous annonce soudainement après des mois de relation qu’iel est polyamoureux et vous impose ses autres partenaires comme un état de fait, c’est peut-être bien un polyamoureux, mais c’est aussi un gros connard. Le polyamour, ça se démine ensemble, en amont, avant la mise en pratique. Et tant qu’il y en a un qui n’est pas ok avec ça, la relation est en train de pourrir. Typiquement, #AttentionSpoilers la façon dont la meuf d’Alice lui impose ça dans The L Word – Generation Q, saison 1, c’est la mauvaise façon de le faire.

La non-jalousie, la discussion ouverte, franche et simple et l’entretien permanent d’un consentement mutuel éclairé et non biaisé (pas de chantage affectif, pas d’ultimatum !) et une bonne capacité au lâcher-prise sont un peu les mamelles du polyamour. Si une seule d’entre elle est lesée, it’s going to be a rough ride. En revanche, si vous n’avez pas de problème à ce que votre partenaire soit tendre avec quelqu’un d’autre devant vous, passe du temps avec ce quelqu’un sans vous, y compris sexuel, y compris si vous même n’avez pas plus qu’une relation polie avec cette personne et pas vraiment d’atomes crochus avec elle, là vous êtes en bonne voie.

Maintenant qu’on a un peu défriché les conditions, la question de la pratique se pose. Et je ne parle pas de comment vous organisez votre calendrier entre polyamoureux, hein (même si ça pourrait faire un sujet à soi tout seul, surtout pour les personnes avec un polycule important), ça, ça vous regarde, ça va dépendre de vous, de vos amours, des personnalités et je serais bien en peine d’ériger mon cas en norme en la matière. Je vais donc juste évoquer les questions « officielles ». Quand je dis que je suis polyamoureu·x·se, on me demande souvent s’il y a une hiérarchie entre mes amoureu·x·se, et les gens froncent les sourcils quand je dis que non, alors que je suis en train de me pacser et d’acheter une maison avec le Duncan. Je comprends leur confusion.

Sentimentalement, il n’y a pas de hiérarchie, parce que chaque relation est différente et fonctionne sur des ressorts différents. D’un point de vue officiel, légal, organisationnel : fatalement. Et cela ne tient pas à grand chose, vous aller voir.  Il se trouve que le Duncan est arrivé en premier dans mon polycule il y a 5 ans, et quand les suivants sont venus, je l’avais déjà présenté à mes parents. Dans la mesure où je n’ai pas fait de coming-out poly auprès d’eux (ma mère pourrait se faire à l’idée, encore que je n’en sois pas certain·e, mais mon père pas du tout, et je n’ai pas envie de refoutre le bordel dans un relationnel déjà compliqué avec lui, surtout pas au moment où ça s’aplanit, surtout pas quand il nous reste peut-être moins de 10 ans de sa vie à partager.), il était de facto ma relation officielle. Si on s’était plaqué et que les autres amoureux étaient restés, peut-être que j’en aurais présenté un autre ensuite, mais iels ne sont pas restés (ni les miens, ni les siens). De fait on s’est retrouvé dans une relation monogame ouverte à tou·te·s, certes, mais monogame quand même.

Du coup, on s’est mis à faire des projets de vie ensemble. Des projets qui nous lient l’un à l’autre légalement, qui nous protègent l’un et l’autre, qui cimentent notre relation. Nous n’en demeurons pas moins ouverts, et prêt à intégrer iciel tiers avec qui une relation se nouerait (que ce soit avec moi, avec le Duncan ou les deux), mais clairement, iciel devra trouver sa place et nous trouver les moyens de lui faire une place dans nos arrangements pré-existants tout en trouvant les moyens de nous lier légalement (pas par une union du coup, mais par des investissements communs probablements, des investissement en faveur de…) histoire qu’iel se sente partie intégrante de la vie d’iciel d’entre nous (ou les deux) dont iel est amoureu·x·se. Et c’est quelque chose dont nous discutons assez clairement ces derniers temps, avec le Duncan.

Après, encore faut-il qu’iciel tiers veuille intégrer un polycle (celui du Duncan le mien ou/et le nôtre). Je suis amoureux de quelques personnes dans ma vie qui le savent plus ou moins. Je ne suis pas qu’iels réalisent vraiment le degré d’affection que je leur porte. Et je parle uniquement d’affection, hein. Le cul n’a rien à voir dans l’affaire. Je n’ai aucun problème à n’avoir aucune relation sexuelle avec certain·e·s de mes amours. Mais pour paraphraser une chanson citée au cour de ce Blogtober : « Ces personnes intègreront-elles mon polycule ? A elles, le moment venu, la découverte, ou l’ignorance. »

En attendant, mon coeur est ouvert. Et sa capacité à aimer est infinie.

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