My Dark Materials

Je n’ai pas écrit du mois de janvier 2022. Je n’ai même pas souhaité la bonne année au gens. Enfin, si j’ai répondu aux quelques personnes qui m’ont envoyé leur voeux par SMS et à la famille, mais sinon, rien, nichts, nada. Je ne suis pas quelqu’un qui écrit. Je ne le suis plus.  Du moins aux autres, parce que sinon le fait que j’ai toujours 15 ans plus tard une présence bloguesque (quand bien même elle ait été intermittente, autodétruite et qu’il n’en reste peut-être que quelques liens morts chez Matoo et dans les vieux vieux commentaires d’autres dino-blogueurs qui publieraient toujours) témoigne d’un besoin toujours présent de coucher à l’écrit une partie de moi.

Ado et étudiant, mes âmes soeurs de l’époque on reçu des pages entières noircies de mon écriture putraxe (Sérieusement vous ne me liriez pas si ce blog était manuscrit, même si j’avais eu le talent  d’écriture d’un Hugo ou d’un Zola.). I had a lot of feelings. I still do. Mais j’ai appris avec le temps que les gens n’ont pas envie d’avoir accès aux émotions des autres directement. Alors j’ai arrêté d’écrire aux gens. De leur dire tout un tas de choses aussi et de laisser libre court à des élans simples que je pouvais avoir à leur endroit.  Et puis mes années de merde, fauché comme les blés n’ont pas aidé. La misère économique entraîne la misère de tout le reste. On apprend à disparaître et à ne pas déranger le bonheur des autres. Parce qu’on a honte.

>Pendant mes années de merde économiquement, hence socialement aussi, du coup, la période des fêtes était un moment atroce où je n’avais pas du tout l’envie de voir mes proches, pour ne pas avoir la sensation de leur désarroi, de leur pité, de leur révolte suivie invariablement de leur colère à mon endroit. Bref, j’ai alterné les années avec eux et sans eux et les deux styles étaient déprimant. Et avec les ami·e·s c’était mieux comme contexte, mais pas très différent intérieurement. J’étais toujours aussi cassé. Je continuais juste moins vite à me cabosser contre la vie.

Et aujourd’hui, je suis là quand vous me voyez, j’intéragis avec vous, je suis ravis de le faire (sauf si vous vous révélez être l’abruti·e absolu), mais dès que nous ne sommes plus ensemble, je sors de votre vie, vous sortez de la mienne et j’attendrais donc que vous refassiez intrusion dans la mienne pour interagir avec vous. Puisque le reste du temps, je n’existe quasiment pas, pas même pour moi. Je n’ai jamais été populaire, ni cool, ni badass. Je ne suis pas un personnage principal, je suis un figurant. J’ai mis du temps, à l’accepter, et il a fallu que je devienne un figurant dans ma propre vie à une époque pour le comprendre. Il s’en est fallu de peu il y a à peine plus de 10 ans pour que je ne me retrouve off script. Et depuis toute cette époque medeuse, je vis un peu dans l’instant présent.

C’est impossible d’expliquer tout cela aux autres. Que ce soit vos proches (ma soeur se ne comprendra jamais pourquoi « [je] ne [l’] appelle jamais »…  Mais si je lui répond « Mais parce qu’à part être un sujet fâcheux dans ta vie, qu’ai-je été qui justifie que je t’appelle ? » je suis une drama-queen voyez-vous…), vos amis, les gens que vous avez appréciés réellement à divers moment de votre vie. C’est impossible de leur dire. Pourquoi je ne leur envoie pas de SMS. Pourquoi je ne les appelle pas. Pourquoi je n’envoie pas d’e-mail, pourquoi je n’envoie pas de carte postale quand je pars en vacances. Plus je vieilli et plus je me dis que je n’ai pas de trace à laisser, dans l’univers, dans le monde, dans vos vies, voire dans la mienne. Ce n’est pas quelque chose de négatif en soi. Ou peut-être que ça l’est. Je ne sais pas très bien.

Mon job de réceptionniste en hôtellerie reflète un peu ça. Je m’allume, je m’éclaire quand j’interagis avec les gens qui passe en réception, avec les collègues, quand je suis agacé par ce qui ne marche pas comme ça devrait (Les clients nous appellent nous sur les spécificité de leur Smartbox alors qu’il devraient appeler le service client Smartbox, les tarifs mal configurés sur l’interface informatique à laquelle je n’ai pas été formé et la hotline informatique du truc qui n’est pas foutu de m’expliquer comment rectifier le tir, mais qui veut bien le faire si je remplis un formulaire papier que je leur scanne et que je le l’envoie à quatre personnes pour que ça soit fait, « DUDE, dis moi où je clique bordel, ça ira plus vite » et j’en passe…). Et quand tout ça est terminé, je rentre à la maison, je mange un morceau, on regarde une série avec le Duncan, il va se coucher. Et hop, je n’existe plus. Enfin, si. Un peu. A peine. Même pas pour moi-même. Ou si peu.

La semaine passée, ça a fait 5 ans que la Reine est partie*. Quelque chose de moi est mort avec vous Majesté. Ou peut-être était-ce déjà mort. Votre départ aurait-il juste enlevé la chaleur qui restait. Dans moins de deux semaines, cela fera cinq ans que le Duncan a fait irruption dans ma vie, du jour au lendemain. Je l’aime, et je sais qu’il m’aime. Mais il y a toujours quelque chose de cassé, là, au fond de moi. Mmême si je m’efforce de ne pas y penser, je sais que c’est là. Et cette année, si les fêtes, passée à travailler et à ne pas les fêter, sont passées, assez curieusement, comme une lettre à La Poste, janvier, avec la nouvelle d’une autre mort à venir dans la famille, m’est apparu insurmontable, sauf à le traverser sans respirer. Sans y penser.

Je songe toujours vaguement à quitter Twitter. le côté fil à la patte, hochet etc. Exactement comme quand j’ai décidé de quitter Facebook il y a trois ans et demi. Je n’interagis pas de façon intéressante dessus. Il me permet de suivre l’actualité mais à quoi bon, vu le contexte et vu le contenu. Je ne suis plus associatif militant, je ne suis plus engagé dans rien. Alors oui, les mêmes, tout ça, et certains ont de l’esprit. Mais à quoi bon ? Reste qu’une partie du petit trafic sur le blog en vient, alors… A ça bon sans doute alors.

Désolé si tout cela est un peu bordélique et sent un peu (beaucoup) le spleen. Peut-être que je ressens encore des choses après tout. Pas totallement pété encore, pas totalement éteint ? Pas totalement mort, du coup, le Leto ? A priori, non. Ne vous inquiètez donc pas trop. Demain est un autre jour. Il fallait juste que le meh d’aujourd’hui sorte. Prenez soin de vous et bonne année. Ce qu’il en reste !

 

*[MàJ] Puisque le sujet a été évoqué en privé sur le réseau à l’oiseau bleu et que du coup d’autres ici pourrait l’interpréter de la sorte, précisons : non, La Reine, ce n’est pas ma mère, la Reine, c’était mon meilleur ami, de 20 ans mon aîné, et si j’ai perdu d’autres personnes dans ma vie, y compris de la famille, c’est le premier décès dont l’anniversaire me reste intimement très douloureux. Ce qui n’améliore pas mon dégoût usuel du mois de Janvier :p

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