Netflix a la fâcheuse habitude de produire des contenus inégaux. C’est encore plus vrai en matière de teen content. Pire encore, en matière de contenu LGBTQI inclusif. Même si, c’est aussi grâce à eux qu’on a eu Sex Education, qui restera clairement un des show les plus hilarants de la décennie. Sauf que, Sex Education se place dans un contexte un peu irréel : Moordale est un mix entre une high school british et son équivalent ricain, et tout ce qui s’y passe part totalement en steack de façon carrément absurde et surréaliste. Pour le reste, ça reste très américano centré, très cliché hollywood, et même quand c’est sympatoche, il manque un truc quelque part et c’est un peu too much par ailleurs (C’est de vous que je parle Love, Victor et Love, Simon. Z’êtes choupis, vachement woke dans l’inclusivité, mais trop lisse, trop bien éclairé). Et puis, il y a Heartstopper.
J’ai entr’aperçu le titre quand c’est sorti, je me suis dit « pour plus tard » et puis Alex s’est bingé la première saison (8 épisodes de 23 minutes) en arrêtant pas d’en dire du bien. Du coup, je m’y suis mis à la faveur d’une insomnie particulièrement récalcitrante. Et je me suis enfilé la saison entière. 80% du temps en mode :
La série suit deux adolescents britanniques d’aujourd’hui qui tombent amoureux, l’un, Charlie, est ouvertement gay suite à un coming out un peu forcé l’année d’avant, l’autre, Nick, ne s’était jamais posé la question avant de nouer des liens avec Charlie. Et, à l’opposée de l’extravagance hypersexuelle de Sex Education, c’est tout mignon-choupi-cute. Il y a quelque chose de Love Victor et Love Simon là dedans mais avec un côté plus naturel, clairement moins américain. Et curieusement, alors que dans le noyau de potes de Charlie on a clairement un asiat, une noire trans’ et lui qui est gay, l’inclusivité fait moins forcée, peut-être parce que dans cette première saison, c’est anecdotique, ça fait partie des personnage sans être leur unique trait de personnalité. Et du coup ici ne subsistent comme réel focus que l’histoire toute mimi entre les deux garçons et ce que ça perturbe de leurs rapports aux autres et les rapport entre les amis immédiats de Charlie.
Alors forcément, celui qui se découvre aimant les garçons est en pleine interrogation, pas tout à fait prêt à s’assumer et on a le droit à au motif narratif über cliché : alors qu’il aime clairement Charlie, mais que leur relation reste relativement secrète, Nick se retrouve à avoir un rencard avec une meuf qui ne l’attire pas, du fait la pression sociale de ses potes. Mais j’aime bien la danse subtile de la série entre le fait que clairement aucun de ces ados n’ignore l’existence des personnes queer dans le monde, mais à la fois que dans leur petite cambrousse grande bretonne où il y a encore une école de garçons et une école de filles, le fait d’être gay et de ne pas en avoir honte ne va pas encore tout à fait de soi et que quand deux filles lesbiennes, ensemble depuis des lustres, s’embrassent à une soirée et lèvent publiquement la nature de leur relation ça fait les choux gras de tout le monde pendant des semaines. Mais les ados queers n’hésitent pas longtemps avant de s’affirmer face à l’adversité. Et la question de peut-on vivre LGBTQI ne se pose pas, sauf peut-être pour un, mal dégrossi et que l’homophobie intériorisée amène a nouer une relation toxique avec Charlie, au début de la série.
Sans être révolutionnaire, c’est joliment filmé, joliment mis en scène (avec des petites animations de fleurs au style très naïf quand Charlie a des papillons dans le ventre en voyant Nick, une lueur chatoyante et crépitante dans la main, lorsque Nick approche sa main de ce celle de son ami assoupi avec l’envie folle que leurs doigts s’enlancent et j’en passe.) mais sans le côté très lisse et plein de bon sentiments d’un Love Victor, ou de l’esthétique un peu nordique matiné d’éléments british et de clichés un peu US de Sex Education, encore. Il y a une forme de simplicité toute anglaise ici, qui est adorable. (Et y a Olivia « Motherfucking Oscar Winner » Colman qui apparait deux ou trois fois 30 secondes comme la mère, adorable, de Nick, bordel !) autant que la narration et la mignonnitude, cette façon très anglaise de filmer ça permet à la série de dire très simplement l’amour naissant et toute toute la complexité d’une première vraie relation d’ados gays dans un contexte social conscient de l’homosexualité comme une réalité sociétalement acceptable, mais pas encore dégrossi de l’homophobie crasse faute d’avoir été confronté à elle suffisamment souvent au fin fond de sa petite ville perdue du Royaume-Uni.
J’y trouve la beauté simple d’un Beautiful Thing,l’accent sur le côté prolo nettement moins marqué (dammit, que la maman de Jamie, Sandra, était exceptionelle de justesse !) avec un peu moins du « douloureux problème » que cela pouvait être considéré comme, à l’époque, dans la société, sans pour autant que ça soit devenu totalement easy quand on est ado. J’y retrouve aussi, tout particulièrement, ce que Dolto appelait, avec beaucoup de justesse, le Complexe du Homard : ce moment où ado, l’on découvre qui ont est (et c’est valable pour tout le monde) et où l’on doit prendre/trouver le temps/l’énergie de faire durcir un peu sa carapace, le temps de pouvoir être pleinement soi. Ado, j’ai eu besoin de lire ses livres à elle, pour trouver un peu de réconfort et me sentir moins seul avec mon amour des garçons. Aujourd’hui, il y a des petites séries choupi-cute comme Heartstopper. Je ne me lasserai jamais de voir deux garçons tomber amoureux et apprendre à se le dire dans une série ou un film, quel que soit leur âge, ou le miens, mais encore plus quand ils sont ados, sans aucun doute parce que je n’ai pas eu ça, ou alors bien plus tard. Trop tard. Et le temps perdu ne se rattrape guère, ne se rattrape plus comme dirait Barbara. Alors clairement, je compense.
Bref, si vous avez Netflix et que vous avez besoin de mignonnitude LGBTQI (y a un couple de lesbienne toutes choupi aussi, et la copine trans’ de Charlie, un peu sur ses gardes avec la vie, est toute adorable aussi.) regardez donc Heartstopper. Si vous n’avez pas Netflix, tipiakez-la d’abord et achetez les DVD ou les versions numériques hors VOD si elles sortent ensuite.
Il est évidemment dans ma liste, j’espère que ça va plaire à la midinette fleur bleue en moi !!! 😀 (J’aime beaucoup le verbe tipiaker, qui a le mérite d’être fort breton en plus ! 😀 )
Si tu as eu des moments « Aw, y sont cute » et des titillement de joie intérieure, en voyant Simon ou Victor embrasser leurs crush amoureux, ou quand tu as vu Eric Effiong embrasser aussi bien Rahim que Adam, et quand tu vois des baby gay/queer boys embrasser leur crush et nouer leur première relation romantique, alors tu vas aimer, parce que l’acteur qui fait Charlie est tout à fait attachant et l’acteur qui fait Nick aussi (et pu ils sont choupi sans être über sexy, bref, un côté très boys next door tout à fait bien venu 🙂
(Mais purée ils sont SIIIIIIIIII mignons tous les deux !)