Ce n’est pas parce que la vie doit être simple qu’elle l’est toujours. Être polyamoureux, ce n’est pas qu’un état de fait, c’est aussi une prise de conscience. Ce n’est pas parce qu’on est polyamoureux qu’il n’y a pas un cadre à respecter. Ce n’est pas parce que ça fait 5 ans qu’on le pratique et qu’on se pratique dans ce cadre, qu’on a tout résolu, tout compris et tout anticipé. Ce n’est pas parce qu’on discute de quelque chose en amont qu’on s’assure à 100% que tout va se passer sans encombre ou qu’on ne peut pas, malheureusement, ne se rendre compte qu’a posteriori qu’on a més-appréhendé (ou pas du tout appréhendé) une situation et qu’on en souffre un peu.
Soyons clairs : je n’ai aucun problème à ce que le Duncan ait plusieurs amoureux. Je n’ai aucun problème à ce qu’il couche avec qui il veut, nous avons tous les deux eu de plans culs unilatéraux depuis cinq ans, et nous avons quand même été jusqu’à 8 dans ce polycule, bordel ! Alors quand il a été question que le Duncan ramène un plan cul à la maison, j’ai validé le principe sans trop y réfléchir puisque cela me paraissait, somme toute, logique.
Sauf que : jusqu’ici, nous avions toujours géré nos plans cul dans relation où chacun habitait chez lui, et nos amoureux avaient tous accédé à ce statut parès qu’on les ait côtoyés tous les deux amicalement de notre côté à des degrés divers (bref, il n’étaient pas des inconnus pour l’un ou l’autre et ils nous connaissaient tous les deux, ainsi que notre relation). Bref, les amoureux et les amants-amis de l’un étaient aussi ou des amis, ou des potes ou des connaissances de l’autre et les amants sans autre vocation que la bagatelle restaient dans l’intimité/l’espace personnel de l’un ou de l’autre. Intimité commune et intimité individuelle avaient des contours assez clairs.
Sauf que cette fois, l’amant d’un soir, venait baiser avec le Duncan, mais pas juste chez ce dernier. Il venait de facto baiser aussi chez moi. Et n’ayant pas eu de contact avec sur les applications de l’amour sale, je n’envisageais pas vraiment d’en avoir outre mesure. Mauvaise idée. Parce que du coup, la situation a été la suivante : un inconnu que je n’ai pas aperçu, même de loin, ni rencontré et avec lequel j’ai encore moins interagi, est rentré dans la maison qui est sensée être mon espace d’intimité, et je me suis effacé pour ne pas le mettre mal à l’aise pendant qu’il était là. Mauvaise idée, bis.
Il y a donc un type que je n’ai pas choisi, qui est rentré dans mon intimité.
En l’écrivant, je ne m’étonne même pas de l’avoir ressenti comme un viol (moins la violence directe, verbale ou physique) de la même façon que les gens qui se sont fait cambriolés le ressentent. Ce n’est pas le plan cul qui me dérange, comme c’est souvent moins le vol qui les dérange, que la sensation qu’un inconnu s’est introduit dans ce qui devrait relever du soi. Mon corps, mon choix. Ma maison, mon choix aussi. Sauf que d’un coup, je n’étais plus chez moi, ni chez nous, mais chez le Duncan seulement, avec un autre type qui se sentait sans doute plus à son aise que moi.
Quand j’en ai parlé au Duncan ensuite, il a d’abord eu du mal à voir autre chose là dedans qu’une crise de jalousie. Seriously, darling, chéri, plus d’un an en polycule large, et je serais devenue jalouse du jour au lendemain ? Mais LOL, sans compter que j’ai aucun problème à ce que tu me partages tes impressions ! Une fois remise cette pendule là à l’heure, il a quand même trouvé ma réaction excessive, oubliant encore une foisque si lui met ses émotions derrière lui assez vite, moi je suis une grosse émotive, même sous Sertraline, et que j’ai besoin d’exprimer pour que ça passe et que là j’avais dû passer ma nuit avec. »
« Mais je t’ai redemandé plusieurs fois et tu as dit oui »
Certes. Et c’est bien ce qui ajoute à ma brûlure.
Post-propos :
Comme on est des grandes personnes, le Duncan et moi, on en a discuté sans trop couper les cheveux en quatre. On évitera donc les premiers soirs à la maison avec les plans culs, et pour venir baiser à la maison (avec lui et moi, sans moi ou sans lui), il faut en rencontrer tous les habitants au préalable. Après tout, on se présente nos amoureux et c’est à eux de trouver leur place dans nos vie avant qu’on leur en fasse de notre côté sur la durée. C’est aux nouveaux arrivants de se sentir éventuellement un peu off, et pas à l’un ou l’autre d’entre nous.
J’admets pleinement, que si j’avais été visible quand ils sont rentrés, ça aurait été awkward 30 secondes sans doute et basta.
« Just because it burns doesn’t mean you’re gonna die, you gotta get up and try, try, try. »