Bon si vous avez réussi à pas vous faire spoiler la gagnante jusqu’ici chapeau. Perso jeudi, je bossais jusque 21h et quand je suis arrivé à la maison, j’avais la tête ailleurs et du coup je me suis fais spoil le résultat en deux temps trois mouvements. Heureusement que je me contrefous un peu des spoils à mon endroit (j’ai l’habitude de lire les résumés des films sur Wikipedia en anglais avant de décider si je vais voir un film en salle ou chez Tipiak, bref je m’auto spoile). Bref, si vous n’êtes pas encore spoilé (fat chance), je ne vais mettre le nom de la gagnante qu’en fin d’article, avec un warning, histoire que vous puissiez aller voir l’épisode sur votre TV ce samedi soir, avec un peu de suspense, si vous ne l’avez pas déjà maté sur Slash TV. Je vous préviens juste, l’épisode est très bien, mais pas « dingue », c’est un très joli dernier tour de piste de saison 🙂
Donc la semaine dernière, Lolita a quitté l’aventure à la quatrième place, la place ingrate, sans avoir démérité. Elle a livré un drag très correct, coloré, engagé, à son image : hispano-latino-mexicana expatriée, queer, engagée et bienveillante, et sincèrement j’ai bien cru qu’elle finirait miss congeniality de cette première saison. Ce n’est pas le cas, mais vois pourquoi la lauréate l’a reçu, et ça me va tout aussi bien que si il était échu à Lolita. Nous y reviendrons. J’aurais préféré la voir en finale, aussi, plutôt que La Grande Dame, mais ça n’engage que moi, et ça ne remet pas du tout en question la qualité du drag de cette dernière (juste que j’y suis moins sensible).
L’épisode commence donc avec le retour à l’Atelier de La Grande Dame, Paloma et Soa, suite au départ de leur petite collègue, qui leur a laissé des messages plein d’amour sur le miroir. She was robbed, in my humble opinion, but damn, she’s a class act about it ! Les filles réalisent qu’elles sont en finale, à la fois contentes et un peu sonnées de cet état de fait. On a le droit à quelques confess’ où les filles réafirment leur pugnacité et leur envie de gagner ce titre, as usual. Et on passe à la nouvelle semaine. L’ambiance est toujours aussi bienveillante entre elles, elles se tirent la bourre toujours avec second degré évident et sarcasme gentil, vraiment c’est plaisant à voir dès la première saison. C’est en train de devenir un peu plus comme ça dans le programme original, RPDR, -surtout la version All Stars, en particulier celle qui vient d’opposer des gagnantes entre elles-, mais il y a toujours quelques très bitchy qui ne mesurent pas toujours la portée de leurs propos. Ici non. On sent qu’il y a une volonté d’être à l’écoute des autres, d’être dans le partage et la bienveillance. Et c’est une des raisons (au delà du talent des queens) qui a fait à mon avis le succès de l’édition française pour cette première saison !
Le challenge
Nicky débarque, les filles l’accueillent avec enthousiasme, et on découvre que le challenge de la semaine (ouais encore pas de mini-challenge cette semaine, logique en même temps) sera une choré+lip-synch sur une chanson de RuPaul. Les filles improvisent un pas de deux sur une version francisée de « Cover Girl (Put the bass in your walk) » avant que la maîtresse de cérémonie ne leur annonce que ce sera en VO, siouplé, et que la chanson sera Catwalk. Pas la plus catchy ou celle qui reste le plus dans l’oreille à mon sens, mais on l’entend régulièrement dans l’émission US, donc, oui, pourquoi pas. Alors forcément qui dit choré dit : Paloma qui se voit déjà se planter dans pas, La Grande Dame qui espère que ce sera pas trop compliqué quand même et Soa qui est ravie !
Les filles répètent avec Nicolas Huchard et ses danseurs. Ni lui ni eux ne sont vraiment vilain, hein. Bref, plaisir des yeux. Paloma galère effectivement à se rappeler de tout, la Grande Dame est un peu raide, Soa est à peu près dans son élément, mais Nicolas est encourageant, patient, et plein de bon conseils pour que les queens se détendent et arrivent à s’amuser dans ce défi. Et force est de constater que ça marche bien, les queens progressent chacune à leur vitesse, et pour lui donner un petit boost de confiance en elle, le chorégraphe passe un peu plus de temps avec Paloma pour qu’elle maîtrise la choré assez pour continuer à s’entraîner toute seule ensuite. Le gars est adorable, sérieux.
La perf et le runway :
Le jury de la semaine est composé, outre Kiddy, Nicky et Daphné, de Nicolas Huchard, donc, et d’Olivier Rousteing, qui arbore un très joli maquillage drag sur les yeux. On assiste à la performance des queens et… C’est bien, bien, bien. La Grande Dame est moins guindée et plus dans la fluidité en terme de mouvement que dans d’autres moments de danse au cours de la saison, Paloma est fluide, à l’aise et souriante, et Soa, ça va, comme d’hab sur ce genre de perf. On sent qu’elles passent un assez bon moment avec les danseurs et entre elles, il n’y en a pas une qui écrase les deux autres alors qu’on aurait pu croire que Soa s’en tirerait largement mieux que les deux autres avant ça, mais non. L’épisode se veut réellement un joli dernier tour de piste pour conclure la saison, ce qui se confirme avec le défilé, qui fait revenir l’ensemble des queens par ordre d’élimination.
La Kahena arrive avec une robe assez classique et sage mais en plusieurs couches qu’elle ôte les unes après les autres pour finir en petite guêpière couleur chair. Lova La Diva défile avec une robe fourreau toute en strass dorés et en plumes noires qui aurait pu l’emmener en finale si elle avait pu présenter des choses de cette qualité dès le début de la saison. La Briochée porte une robe assez originale librement inspirée du Magicien d’Oz où Dorothy se serait habillée avecun patchwork des restes de l’épouvantail tout en conservant les souliers rouges à paillettes. Kam Hugh a une robe couleur pêche très joliment coupée et très élégante, avec des balconnets en forme de coquilles St Jacques et une espèce d’huître-vulve perlière sytlisée dans la coiffure. Elips porte une combi-jupe culotte à strass avec deux énormes manches mi-bouffantes mi-drapées totalement démentes et très théâtrales, ce qui lui ressemble bien. Bertha entre enveloppée d’un déshabillé très fluide rouge passion qu’elle ouvre rapidement pour le transformer en traîne/cape/jupe et réveler un corset et des jarretières couleur chair soutenant des chausses/cuissardes rouges du même tissu que le déshabillé, et sur le corps, délimités les morceaux comme sur un diagramme de boucherie, avant de lâcher un « Manger ! » tonitruant. Lolita arbore une robe longue à crinoline très Southern Belle mexicano-américaine début du XXème siècle, toute blanche et dorée qui lui donne un petit côté demoiselle modèle et un chich tout old school qui lui va étonnamment bien.
Paloma surgit dans une robe rouge sang avec une fente sur l’avant de la jupe qui laisse entrevoir ses jambes quand elle parcours le podium, dans un look qui m’a évoqué tout à la fois : la reine de coeur dans le Alice au Pays des Merveilles de Burton, Mylène Farmer (forcément) et une version sanglante et rousse du costume d’Isabelle Adjani en Marie Stuart Reine D’Ecosse (ou la version Foresti, je ne sais plus très bien, les deux tendent à se superposer tellement bien). Et je rate sans doute d’autres références. So drag et tellement Paloma !
Soa livre un look tribal à base de colliers de perles, de boléro et petite jupette en cuir couleur chair (mais pas chair caucasienne quoi) avec les boots et les manchettes assorties, une coiffure qu’Ororo Munroe aurait pu porter le jour de son mariage avec T’Challa (ouais dans les comics ils se marient à un moment, ouais, ouais, y a pas que le MCU dans la vie #JeSuisUneVieillePeauGeek), elle est fierce, c’est du pur Soa, mais je ne suis en rien surpris ni subjugué. C’est beau, c’est bien vendu, mais j’aurais voulu un je ne sais quoi de plus surprenant, de plus wow de sa part.
La Grande Dame débarque dans une tenue un peu rétro-futuristo-disco-années 80 que Bonnie Tyler n’aurait pas renier circa la promo de Total Eclipse Of The Heart, vous voyez ? Ma poupée Barbie avait une robe dans le style de sa tenue ! Imaginez ! C’est satiné, pailleté, ça fait des plis ondulés jolis, des irisations, et elle à l’air vivante dedans et pas juste d’un porte manteau.
Bordel, je suis enfin agréablement touché visuellement par une tenue de la Grande Dame sur le runway !! Iit was about time, they’re about to give out the crown !! Fun Fact : elle explique en voix off qu’initialement, le concept de la tenue a été imaginé pour l’univers visuel prévu autour de Chromatica de Lady Gaga, que suite à un souci logistique la robe n’a jamais quitté la France et qu’un contact lui a proposé un retro-fit du concept pour son physique dégingandé et voilà ! Et chapeau au retro-fitteur. de 1m65 taille 38 de Gaga aux 1m97 taille 42 de LGD, il fallait du savoir faire 😀
Beau défilé final ! D’ailleurs Le jury est élogieux et pantois tout du long. Comme Jean-Paul Gaultier en début de saison ou Chantal Thomas il y a quelques épisodes, Olivier Rousteing souligne la qualité du travail et de la créativité tout au long des passages des queens, et pour quiconque suit les différentes déclinaisons de RPDR, c’est une évidence : les queens françaises ont un goût de leur art et du faire bien en la matière qu’on ne retrouve pas forcément toujours dès les premiers épisodes dans les saisons du programme d’origine (alors que depuis 14 ans, les participantes devraient avoir une idée du level du truc, quand même, mais non). C’est l’autre raison du succès de l’émission, avec la bienveillance générale de l’émission.
Après moult éloges aux finalistes (y en a pendant un bon 10 minutes pour elles trois), Nicky leur demande ce qu’elles auraient à dire à leur elleux-même plus jeune. C’est forcément touchant. Les armures finissent de tomber. Alors certes, ce sont des moments très produits, ce que souligne la Grande Dame le souligne : on est sur un plateau TV, il y a du monde autour, c’est pas juste un échange avec Nicky, et pourtant, l’intimité se fait, naturelle, parce qu’il se crée les conditions de la possibilité d’un partage, d’une empathie. Et télévisuellement, ça marche. Ce n’est pas une télé réalité qui vise à moquer des gens, c’est une télé réalité qui vise à humaniser et à sublimer la sensibilité et la bienveillance. Et c’est la troisième richesse de la déclinaison française, ce qu’elle fait mieux que toute les autres déclinaisons à mon sens. Je ne vais pas m’étendre sur les épanchements personnels des queens, regardez l’émission pour écouter leurs propos. Ce sont de belles personnes en tout cas #InstantMarionCotillard*
Nicky annonce ensuite la gagnante du titre de « Miss Congeniality », enfin, Miss Sympathie en français, et c’est Elips qui l’emporte. Probablement parce que jusqu’à son élimination, elle n’a jamais hésité à prêter main forte à ses soeurs dans leurs réalisation, malgré la compétition, et que, comme toute celles qu’on a eu le temps de découvrir dans l’émission, elle a fait preuve d’écoute et de gentillesse envers les autres. Honnêtement, vu la bienveillance de la saison, c’était assez ouvert comme titre. J’aurais bien vu Lolita à titre perso, mais elle est restée en retrait la première moitié de la saison, et les premières éliminées ne l’ont pas forcément ressenti comme les télespectateurs que nous sommes, au moins jusqu’à la diffusion de l’émission). Elips pouvait mieux faire l’unanimité effectivement.
La dessus Nicky renvoie les queens à l’Atelier, on les voit échanger avec leurs soeurs de cette première saison, rien de bien important, mais c’est tout doux, on sent que toutes ont la sensation d’avoir participé à un truc spécial et comme dit je ne sais plus laquelle, « il n’y en aura pas deux, de première saison ». Elles ont raisons. De même que RPDR était un petit ovni dans le paysage TV américain (et mondial) lors de ses premières saisons, Drag Race France est un petit phénomène en soi qui ne demande qu’à grandir et s’installer. Bonne nouvelle : France Télévisions à déjà greenlighté une deuxième saison ! Cut sur les commentaires entre les juges, là non plus rien d’important ou qu’iels n’aient déjà dit à nos reines que Nicky fait revenir pour leur annoncer…
La gagnante ? NON ! Qu’il faut lip-syncher !
(Attention, spoiler, ci-dessous, si vous n’avez pas vu l’épisode et ne voulez pas être spoilé, c’est maintenant qu’il faut arrêter de lire.)
Sur « Mourir sur Scène ». Forcément. Les cheveux peroxydés, les brushings de fifou, les robes en lamé, à paillette, à plumes et le glamour show biz pour masquer le désespoir intime, c’est tellement old school pédé et young trans’ generation, qu’on ne pouvait finir cette première saison de l’émission la plus queer du paysage audiovisuel français QUE sur du Dalida ! Les queens s’amusent, surjouent juste ce qu’il faut, et puis d’un coup, Paloma fait tomber plastron, manches et crinoline pour finir en corset-bustier avec faux-cul/hanches rouge très pin-up-o-burlesque (Toujours très Reine de Coeur Burton, un peu Mylène en version déjantée et fun, mais plus du tout Adjani Reine d’Ecosse pour le coup). Les deux autres semblent imperturbables, mais clairement, la caméra s’attache quelques instants de plus à elle, avant de redonner autant d’espace à toutes jusqu’à la fin de la chanson.
Nicky part « chercher un truc » à l’issue du lip-synch : la couronne et le sceptre. Comme c’est la coutume dans la version US, les trois options ont été tournées, et les queens n’ont su le résultat réel qu’en direct à la diffusion de l’épisode, jeudi soir, un peu avant 21 h visiblement pour la prod, les queens, et une partie de leur entourage, puisqu’elles ont eu le temps de rejoindre Beaubourg à peu près au moment où le résultat était diffusé pour les watch party qui avaient lieu là et dans le Marais, et profiter d’un petit bain de foule avec les fans.
A son retour sur scène, couronne dans les mains, suivie d’Elips apportant le sceptre, Nicky annonce qu’elle couronne première gagnante de Drag Race France : c’est Paloma ! Quelques félicitations s’ensuivent, les queens s’embrassent, se congratulent entre elles, Et à la fin, tout le monde est happy et danse sur scène. C’est fini de cette première saison de Drag Race France, et quelle belle saison !!
Apparemment, jeudi soir c’était un peu fou fou dans autour de Beaubourg et dans le Marais, quand le résultat est tombé, les queen sfinalistes ont été accueillies par une foule queer totalement hystéro-contente. Au point que la gagnante a confié dans une interview dans les heures qui ont suivis avoir un peu l’impression d’être « Loana à sa sortie du Loft ». On va lui souhaiter de mieux gérer sa notoriété soudaine que la bimbo blonde, hein, et de savoir prendre le temps de se ressourcer, se retrouver et atterrir entre deux salve d’amour intense du public ! Bon règne à elle en tout cas !
J’ai déjà hâte à la saison 2, perso, pas vous ?!
*Marion, elle meurt mal dans The Dark Knight Rises, on peut arguer de son talent, elle dit souvent des conneries sur l’actualité, mais ce compliment là, initialement adressé au réal de La Môme, c’est sans doute la plus jolie chose qu’elle ait jamais dite publiquement. Rendons donc à César, hein.